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et là sur la terre, ne fut-elle pas toujours jusqu’à présent, aux Indes comme en Grèce, avant tout une cachette ? Parfois peut-être au point de vue de l’éducation, ce point de vue qui sanctifie tant de mensonges, pour avoir de tendres égards avec des êtres qui se développent et qui croissent, avec des disciples, qu’il faut souvent, par la foi en la personne (par une erreur), défendre contre eux-mêmes… Mais dans les cas les plus fréquents une cachette du philosophe derrière laquelle il se réfugie à cause de sa fatigue, son âge, son attiédissement, son endurcissement, parce qu’il a le sentiment de sa fin prochaine, la sagacité de cet instinct que les animaux ont avant la mort, — ils se mettent à l’écart, deviennent silencieux, choisissent la solitude, se réfugient dans des cavernes, deviennent sages… Comment ? La sagesse serait une cachette du philosophe devant — l’esprit ? —

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Deux espèces de causes que l’on confond. — Ceci me paraît être un de mes pas en avant, un de mes progrès les plus importants : j’ai appris à distinguer la cause de l’action en général de la cause d’une action particulière, action dans tel ou tel sens, dans tel ou tel but. Sa première espèce de cause est une quantité de force accumulée qui attend d’être usée n’importe comment, à n’importe quoi ; la seconde espèce est par contre quelque chose que l’on mesure à l’étalon de cette première force, quelque chose de tout à fait insignifiant, générale-