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veux exprimer ma pensée par un symbole. Combien les animaux doivent souffrir par l’électricité de l’air et des nuages ! Nous voyons que quelques-uns d’entre eux possèdent une faculté prophétique en ce qui concerne le temps, par exemple les singes (on peut même observer cela en Europe et non seulement dans les ménageries, mais à Gibraltar). Mais nous ne pensons pas que pour eux les douleurs — sont des prophètes ! Lorsqu’un fort courant d’électricité positive tourne soudain, sous l’influence d’un nuage qui s’approche sans être déjà visible, en électricité négative et qu’un changement de temps se prépare, ces animaux se comportent de la même manière qu’à l’approche d’un ennemi ; ils s’organisent pour la défense et la fuite, généralement ils se cachent, — ils ne voient pas, dans le mauvais temps, le mauvais temps, mais l’ennemi dont ils sentent déjà la main !

317.

Regard en arrière. — Nous avons rarement conscience de ce que chaque période de souffrance de notre vie a de pathétique ; tant que nous nous trouvons dans cette période, nous croyons au contraire que c’est là le seul état possible désormais, un ethos et non un pathos — pour parler et pour distinguer avec les Grecs. Quelques notes de musique me rappelèrent aujourd’hui à la mémoire un hiver, une maison et une vie essentiellement solitaire et en même temps le sentiment où je vivais alors : — je croyais pouvoir continuer à vivre éter-