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168.

À propos d’un malade. — « Il va mal ! — Qu’est-ce qui lui manque ? — Il souffre du désir d’être loué et son désir ne trouve pas de nourriture. — C’est incroyable, le monde entier lui fait fête, il est choyé et son nom est sur toutes les lèvres ! C’est qu’il a l’oreille dure pour les louanges. Si un ami le loue, il croit l’entendre se louer lui-même ; si un ennemi le loue, il croit que c’est pour qu’on le loue lui-même ; et enfin si c’est quelqu’un des autres — ils ne sont pas nombreux, tant il est célèbre ! — il est offensé de ce que l’on ne veuille l’avoir ni pour ami, ni pour ennemi ; il a l’habitude de dire : Que m’importe quelqu’un qui est encore capable de faire le juge intègre à mon égard ! »

169.

Ennemis sincères. — La bravoure devant l’ennemi est une chose à part : avec cette bravoure on peut être un lâche ou bien un esprit brouillon et indécis. Tel était l’avis de Napoléon par rapport à « l’homme le plus brave » qu’il connaissait, Murat : — d’où il faut conclure que les ennemis sincères sont indispensables pour certains hommes, au cas où ils devraient s’élever à leur vertu, leur virilité et leur sérénité.

170.

Avec la foule. — Il marche jusqu’à présent