pourrait-on savoir que les jugements vrais causent un
plus grand plaisir que les jugements faux, et que,
conformément à une harmonie préétablie, ils
entraîneraient nécessairement derrière eux des sensations
de plaisir ? — L’expérience de tous les esprits sérieux
et proionds enseigne le contraire. On a dû conquérir
par la lutte chaque parcelle de vérité, on a dû
sacrifier tout ce qui nous tient à cœur, tout ce qu’aimait
notre amour et notre confiance en la vie. Il faut avoir
pour cela de la grandeur d’âme : Le service de la
vérité est le plus dur service. — Qu’est-ce qui
s’appelle donc être loyal dans les choses de l’esprit ?
Étre sévère pour son cœur, mépriser les « beaux
sentiments », se faire une question de conscience
de chaque oui et de chaque non ! — — — La foi
sauve : donc elle ment…
Que la foi sauve dans certaines circonstances, que la béatitude ne fait pas encore une idée vraie d’une idée fixe, que la foi ne déplace pas de montagnes, mais qu’elle en place souvent, là où il n’y en a point : une visite rapide dans une maison d’aliénés en donnera une preuve suffisante. Cependant pas à un prêtre : car celui-ci nie par instinct que la maladie soit maladie, que la maison d’aliénés soit maison d’aliénés. Le christianisme a besoin de la maladie, à peu près comme l’antiquité grecque a besoin d’un excédent de santé ; rendre malade, voilà la véritable pensée de derrière la tête de tout le système rédempteur de l’Église. Et l’Église elle-même, n’est-elle pas la maison d’aliénés