surgit comme un éclair. Réponse : le judaïsme
régnant, sa classe dirigeante. Depuis lors, on se
trouva en révolte contre l’ordre, on considéra
postérieurement Jésus comme un révolté contre l’ordre
établi. Jusqu’alors ce trait guerrier et négatif
manquait à son image : plus encore, il en était la
négation. Il est évident que la petite communauté n’avait
pas compris l’essentiel, l’exemple donné par cette
mort, la liberté, la supériorité sur toute idée de
ressentiment : cela prouve combien peu elle le
comprenait ! Par sa mort Jésus ne pouvait rien vouloir
d’autre, en soi, que de donner la preuve la plus
éclatante de sa doctrine… Mais ses disciples étaient
loin de pardonner cette mort, ce qui eût été
évangélique au plus haut degré ; ou même de s’abandonner à
une pareille mort en une douce et sereine tranquillité
d’âme… C’est le sentiment le moins évangélique, la
vengeance, qui reprit le dessus. Il était impossible
que la cause fût jugée par cette mort : on avait
besoin de « récompense », de « jugement » (— et
pourtant que peut-il y avoir de plus contraire à
l’Évangile que « la récompense », la « punition », le
« jugement ! ») L’attente populaire d’un messie revint
encore une fois au premier plan : un moment
historique fut pris en considération : le « royaume de Dieu »
descend sur la terre pour juger ses ennemis… Mais
c’est là la cause même du malentendu : le « royaume
de Dieu » considéré comme acte final, comme
promesse ! L’Évangile avait précisément été
l’affirmation, l’accomplissement, la réalité de ce « royaume ».
C’est la mort du Christ qui fut le « royaume de
Dieu ». Maintenant on inscrivit dans le type du
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L’ANTÉCHRIST