sente le mouvement ascendant de la vie, à tout ce
qui est bien né, la puissance, la beauté,
l’affirmation de soi sur la terre, il fallut que l’instinct de
ressentiment, devenu génie, s’inventât un autre
monde, d’où cette affirmation de la vie nous apparut
comme le mal, la chose réprouvable en soi.
Psychologiquement parlant, le peuple juif est celui qui possède
la force vitale la plus tenace. Transporté dans des
conditions impossibles, il prend parti, librement,
par une profonde intelligence de conservation, pour
tous les instincts de décadence, non qu’il soit
dominé par eux, mais il y a deviné une puissance
qui pouvait le faire aboutir contre le « monde ».
Les juifs sont l’opposé de tous les décadents : ils
ont pu les représenter jusqu’à l’illusion, ils ont su se
mettre à la tête de tous les mouvements de décadence,
avec un nec plus ultra du génie de comédien (— avec
le christianisme de saint Paul —), pour en faire
quelque chose qui fût plus fort que tous les partis
affirmant la vie. Pour la catégorie d’hommes qui,
dans le judaïsme et dans le christianisme, aspirent
à la puissance, pour la catégorie sacerdotale, la
décadence n’est qu’un moyen : ces hommes ont un intérêt
vital à rendre l’humanité malade et à renverser, dans
un sens dangereux et calomniateur, la notion de
« bien » et de « mal », de « vrai » et de « faux ». —
L’histoire d’Israël est inappréciable comme histoire typique de la dénaturation de toutes les valeurs naturelles ; j’indique cinq faits qui montrent cette