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entendu dire. Wagner était quelque chose de parfait, un décadent typique, à qui manque tout « libre-arbitre », dont chaque impulsion est régie par la nécessité. Y a-t-il quelque chose d’intéressant chez Wagner, c’est assurément la logique avec laquelle un vice physiologique, sous forme de pratique et de technique, de réforme dans les principes et de crise du goût, s’avance de conclusion en conclusion, d’enjambée en enjambée.

Je m’en tiens cette fois à la seule question du style. — Quelle est la caractéristique de toute décadence littéraire ? C’est le fait, que la vie ne réside plus dans l’ensemble. Le mot devient souverain et fait un saut hors de la phrase, — la phrase escalade et obscurcit le sens de la page, — la page prend vie aux dépens de l’ensemble, — l’ensemble n’est plus un ensemble. Mais voici le symbole de tout style de décadence : à chaque reprise, anarchie des atomes, désagrégation de la volonté, « liberté de l’individu », pour parler le langage de la morale ; — amplification pour une théorie politique : « égalité des droits pour tous. » La vie, une égale vitalité, la vibration et l’exubé-