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choix de ses héros et de ses héroïnes, ceux-ci considérés comme types physiologiques (— une galerie de malades ! —) : tout cela réuni forme un tableau de maladie qui ne laisse aucun doute. Wagner est une névrose.[1] Rien n’est peut-être aujourd’hui mieux connu, rien n’est mieux étudié dans tous les cas que le caractère protéiforme de la dégénérescence qui se cristallise ici en un art et en un artiste. Nos médecins et nos physiologues ont en Wagner leur cas le plus intéressant, tout au moins un cas très complet. Justement parce que rien n’est plus moderne que ces maladies de tout l’organisme, cette décrépitude et cette irritation du système nerveux, Wagner est l'Artiste moderne par excellence,[2] le Cagliostro de la modernité. En son art se trouve mélangé de la manière la plus séductrice ce qui est aujourd’hui le plus nécessaire au monde entier, — les trois grands stimulants des épuisés, la Brutalité, l'Artifice, la Candeur (l’idiotie).

Wagner est un grand malheur pour la musique. En musique il a trouvé le moyen

  1. En français dans le texte.
  2. Les deux derniers mots en français dans le texte.