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Wagner symbolise ainsi la pensée chrétienne : « Tu dois croire et il faut que tu croies. » C’est un attentat contre ce qui est élevé, ce qui est saint, que d’aimer la science… LeVaisseau Fantôme prêche cet enseignement sublime, que la Femme stabilise l’homme le plus vagabond, — pour parler le langage de Wagner — qu’elle le « sauve ». Ici nous nous permettons une question. Admettons que cela fût vrai : cela serait-il déjà si désirable ? — Qu’adviendrait-il du « Juif errant », adoré, stabilisé par une femme ? Il cesse aussitôt d’être errant ; il se marie ; il n’a plus d’intérêt pour nous. — Considérons la réalité : le danger pour l’artiste, pour l’homme de génie — et ce sont eux les Juifs errants — c’est la femme. Les femmes aimantes sont leur ruine. Qui donc aurait assez de caractère pour ne pas se laisser corrompre, — « sauver », se sentant traité comme un dieu ? On condescend aussitôt jusqu’à la femme. — L’homme a toujours de la lâcheté devant l’éternel féminin : les petites femmes le savent. De nombreux exemples d’amour féminin — et peut-être justement les plus célèbres — ne sont autre chose qu’un parasitisme plus raffiné, un moyen de