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sa volonté de puissance. Puis il fait la tentative de surmonter cette chose, de se l'approprier, de l'incorporer. Ce que l'on appelle nutrition n'est qu'une conséquence, une application de cette volonté primitive de devenir plus fort.

(Il n'est pas possible de considérer la faim comme mobile premier, tout aussi peu que la conservation de soi. Considérer la faim comme une conséquence de la nutrition inconsciente, c'est affirmer que la faim résulte d'une volonté de puissance qui ne sait plus se comporter en maître. Il ne s'agit absolument pas du rétablissement d'une perte, - ce n'est que plus tard, par suite de la division du travail, après que la volonté de puissance eut appris à suivre de tout autres chemins pour se satisfaire, que le besoin d'assimilation de l'organisme en est réduit à la faim, au besoin de compensation pour ce qui a été perdu.)

Donc le déplaisir n'est pas suivi d'une diminution de notre sentiment de puissance, cela est si peu le cas que, le plus généralement, il agit même comme excitation sur cette volonté de puissance, - l'entrave est le stimulant de la volonté de puissance.

On a confondu le déplaisir avec une catégorie spéciale du déplaisir, avec l'épuisement: celui-ci représente en effet une profonde diminution et un