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et non pas l'homme seulement - construit, en partant de lui-même, tout le reste du monde, c'est-à-dire que l'homme mesure, palpe et façonne le monde selon sa propre force... Ils ont oublié d'introduire dans " l'être véritable " cette force qui fixe les perspectives, - pour parler le langage de l'école: ils ont oublié la qualité de sujet. Ils s'imaginent que celle-ci est ajoutée par " développement "; - mais le chimiste encore en a besoin: c'est l'être spécifique, l'action et la réaction, selon les combinaisons, de telle ou telle manière.

Le perspectivisme n'est qu'une forme complexe de la spécification. J'imagine que tout corps spécifique aspire à se rendre maître de l'espace tout entier et à étendre sa force ( - sa volonté de puissance), à repousser tout ce qui résiste à son expansion. Mais il tombe sans cesse sur des aspirations semblables d'autres corps et finit par s'arranger (se " combiner ") avec ceux qui sont homogènes: alors ils conspirent ensemble pour conquérir la puissance. Et le processus continue...

Il n'existe rien d'invariable en chimie, ce n'est là qu'apparence, simple préjugé d'école. Nous avons importé l'invariable, et c'est encore dans la métaphysique que nous sommes allés le chercher, messieurs les physiciens. C'est une naïveté toute superficielle que de prétendre identiques le diamant, le graphite et le charbon. Pourquoi ? Simplement parce que l'on ne peut pas constater, au moyen