Page:Nietzsche - La Volonté de puissance, t. 2.djvu/75

Cette page n’a pas encore été corrigée


298.

Critique de l'idée de cause.

Nous n'avons absolument pas d'expérience au sujet de la " cause ": l'idée tout entière, si nous voulons la suivre au point de vue psychologique, nous vient de la conviction subjective que nous sommes des causes, c'est-à-dire que le bras remue. Nous distinguons les acteurs de l'action - et c'est de ce schéma que nous nous servons partout: pour tout ce qui arrive nous cherchons un auteur. Qu'avons-nous fait ? Nous avons mal interprété un sentiment de force, de tension, de résistance, un sentiment musculaire qui est déjà un commencement d'action, pour en faire une cause, nous avons tenu pour la cause la volonté de faire telle ou telle chose, parce que l'action s'ensuivrait.

Il n'y a pas du tout de " cause ": - dans quelques cas où celle-ci nous apparaissait donnée et où nous l'avions projetée en dehors de nous-mêmes pour l'intelligence de " ce qui arrive " - il est démontré que nous nous faisons illusion. Notre intelligence de " ce qui arrive " consistait en ceci que nous inventions un sujet rendu responsable du fait que quelque chose arrivait, et de la façon dont cela nous arrivait. Nous avons résumé notre sentiment de volonté: de " liberté ", de responsabilité et notre intention d'une action dans le concept d'une " cause " -