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de la souffrance est donc voulu: à quelle fin ?

Le défaut de ce syllogisme: on forme deux concepts contradictoires, - parce qu'une réalité correspond à l'un d'eux, il " faut " aussi qu'une réalité corresponde à l'autre. " D'où tiendrait-on autrement sa notion contraire ? " - La raison est par conséquent une source de révélation pour ce qui est en soi.

Mais l'origine de ces antinomies n'a pas besoin de remonter nécessairement à une source surnaturelle de la raison: il suffit d'y opposer la vraie genèse des idées: - celle-ci tire son origine de la sphère pratique, de la sphère d'utilité, et c'est pourquoi elle possède sa foi vive (on périt, si l'on ne tire pas des conclusions conformes à cette raison: mais par là ce qu'affirme celle-ci n'est pas " démontré ".

La préoccupation par la souffrance chez les métaphysiciens est tout à fait naïve. " Béatitude éternelle ": non-sens psychologique. Les hommes braves et créateurs ne considèrent jamais la joie et la souffrance comme des questions de valeurs dernières, - ce sont des phénomènes secondaires: il faut les vouloir tous deux, la joie et la souffrance, si l'on veut atteindre quelque chose. Dans le fait que les métaphysiciens et les hommes religieux voient au premier plan les problèmes de joie et de souffrance, s'exprime quelque chose de malade et de fatigué. La morale, elle aussi, n'a pour eux une