Page:Nietzsche - La Volonté de puissance, t. 2.djvu/233

Cette page n’a pas encore été corrigée


res pathétiques et hiératiques, nous nous réjouissons des choses les plus défendues, nous verrions à peine un intérêt dans la connaissance si nous devions nous ennuyer sur le chemin qui mène à elle.

Plus naturelle est notre position vis-à-vis de la morale. Les principes sont devenus ridicules; personne ne se permet plus de parler de " devoir " sans quelque ironie. Mais on apprécie les sentiments secourables et bienveillants ( - on voile la morale dans l'instinct et l'on dédaigne le reste. Il y a en outre quelques notions de point d'honneur).

Plus naturelle est notre position en politique: nous voyons des problèmes de puissance, une quantité de puissance opposée à une autre quantité. Nous ne croyons pas à un droit qui ne repose pas sur le pouvoir de le faire respecter: nous considérons tous les droits comme des conquêtes.

Plus naturelle est notre appréciation des grands hommes et des grandes choses: nous considérons la passion comme un privilège, rien ne nous paraît grand si un grand crime n'y est compris; nous considérons tout état de grandeur comme une mise à l'écart par rapport à la morale.

Plus naturelle est notre position vis-à-vis de la nature: nous ne l'aimons plus à cause de son " innocence ", de sa " raison ", de " sa beauté ", nous l'avons gentiment " diabolisée " et " abêtie ". Mais, au lieu de la mépriser à cause de cela, nous nous sentons depuis lors plus près d'elle et plus à notre