Le problème, c'est de rendre l'homme aussi utilisable que possible et de le rapprocher, autant que faire se peut, de la machine infaillible: pour cela il faut l'armer des vertus de la machine ( - il faut qu'il apprenne à considérer les conditions où il travaille d'une façon machinale et utile comme les plus précieuses: pour cela il est nécessaire qu'on le dégoûte, autant que possible, des autres conditions, qu'elles lui soient présentées comme dangereuses et décriées).
Ici la première pierre d'achoppement est l'ennui, l'uniformité qu'apporte avec elle toute activité mécanique. Apprendre à supporter l'ennui - et non seulement à le supporter, - apprendre à le voir entouré d'un charme supérieur: c'est ce qui fut jusqu'à présent la tâche de toute instruction supérieure. Apprendre quelque chose qui ne vous regarde en rien et sentir que le " devoir " consiste précisément dans cette activité " objective "; apprendre à évaluer séparément le plaisir et le devoir - voilà la tâche et l'action inappréciables de la pédagogie. C'est pourquoi le philologue fut jusqu'à présent l'éducateur par excellence: son activité elle-même donne l'exemple d'une monotonie s'élevant jusqu'au grandiose; sous son égide le jeune homme apprend à bûcher: première condition pour remplir plus tard, avec excellence, le devoir machinal (comme fonctionnaire de l'Etat, bon époux, rond de cuir, lecteur de journaux, soldat). Une pareille existence