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Discipline et sélection

tôt que la « personne ». En général, il faut bien se garder de supposer que beaucoup d’hommes sont des « personnes ». Il y a aussi certains hommes qui se composent de plusieurs personnes, mais la plupart n’en sont pas du tout. Partout où prédominent les qualités moyennes qui importent pour qu’un type se perpétue, être « une personne » serait du gaspillage, du luxe ; cela n’aurait aucun sens de vouloir s’informer de « personne ». Il s’agit de représentants, d’instruments de transmission.

La « personne » est un factum relativement isolé ; par rapport à l’importance bien plus grande de la continuité et de la moyenne, c’est presque quelque chose qui est contre-nature. Pour former une personnalité il faut une certaine période d’isolement, d’obligation à une existence défensive et en armes, quelque chose comme un emmurement, une grande force de réclusion ; et, avant tout, une impressionnabilité bien inférieure à celle de l’homme moyen, dont l’humanité est contagieuse.

La première question qu’il faut poser, pour ce qui concerne la hiérarchie, c’est de savoir jusqu’à quel point quelqu’un a des instincts solitaires ou des instincts de troupeau. (Dans ce dernier cas, sa valeur réside dans les qualités qui assurent la stabilité de son troupeau, de son type ; dans le premier cas, c’est dans ce qui le fait ressortir, l’isole, le défend, et rend sa solitude possible.)

Conséquence : il ne faut pas évaluer le type soli-