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me dire: " Je n'arriverai jamais à la fin "; de même que je puis compter, en avant, au même moment, jusqu'à l'infini. Ce n'est que lorsque je voudrai faire la faute - je me garderai bien de la faire - d'assimiler cette conception concrète d'un regressus in infinitum, à une notion nullement réalisable, à une progression jusqu'à maintenant, ce n'est que lorsque je considérerai la direction (en avant ou en arrière) comme logiquement indifférente que je m'emparerai de la tête - cet instant croyant tenir la queue: on vous laisse ce plaisir, monsieur Dühring !...

Je suis tombé sur cette idée chez des penseurs plus anciens: chaque fois elle était déterminée par d'autres arrière-pensées ( - c'était la plupart du temps des arrière-pensées théologiques, en faveur du creator spiritus). Si, d'une façon générale, le monde pouvait se figer, dessécher, dépérir, devenir le néant, ou s'il pouvait atteindre un état d'équilibre, ou encore s'il avait un but quelconque qui renfermerait en lui la durée, l'immuabilité, le définitif (bref, pour parler métaphysiquement, si le devenir pouvait aboutir à l'être ou au néant) cette condition devrait déjà être réalisée, - par conséquent... C'est là la seule certitude que nous ayons entre les mains, pour servir de correctif à une foule d'hypothèses cosmiques, possibles en soi. Si, par exemple, le mécanisme ne peut pas échapper à la conséquence d'un é