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nécessité du changement est encore une fois fixée d'une façon abstraite.

383.

Si le mouvement du monde tendait vers un but, ce but devrait être atteint. Mais le seul fait fondamental, c'est précisément qu'il ne tend pas vers un état final et toute philosophie ou toute hypothèse scientifique (par exemple le mécanisme) qui implique un état final se trouve réfutée par ce fait fondamental... Je cherche une conception du monde qui fasse la part de ce fait: il faut que le devenir soit expliqué sans que l'on ait recours à de pareilles intentions de finalité; le devenir doit paraître justifié durant chacun de ses moments (ou paraître inévaluable, ce qui revient au même); il ne faut absolument pas justifier le présent par l'avenir, ou le passé par le présent. La " nécessité " n'existe pas sous forme d'une force universelle qui intervient et domine, ou sous forme d'un moteur initial; moins encore pour conditionner une chose précieuse. Pour cela il est nécessaire de nier une conscience universelle du devenir, un " Dieu ", afin de ne pas considérer tout ce qui arrive sous l'objectif d'un être qui compatit et connaît, mais qui ne manifeste pas de volonté. " Dieu " est inutile, s'il ne veut pas quelque chose, et, d'autre part, ce serait là une addition de déplaisir et d'illogisme qui amoindrirait la valeur générale du " devenir ":