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désirs produit l'état esthétique. Celui-ci ne se manifeste que chez les natures capables d'éprouver cette surabondance de vigueur physique qui permet d'abandonner du sien; c'est là qu'il faut toujours chercher le premier mobile. Le béotien, l'homme fatigué, épuisé desséché (par exemple le savant), ne peut absolument rien recevoir de l'art, parce qu'il ne possède pas la force primordiale artistique, l'obligation de la richesse: celui qui ne peut pas donner ne reçoit rien.

La perfection, dans ces états affectifs (surtout dans l'amour sexuel), se révèle d'une façon naïve, ce qui, pour l'instinct profond, est ce qu'il y a de plus élevé, de plus désirable, de plus précieux, le mouvement ascensionnel de son type; de même vers quel état il aspire véritablement. La perfection c'est l'élargissement extraordinaire de son sentiment de puissance, la richesse, l'abondance, qui, nécessairement, fait déborder la coupe...

L'art nous fait penser à des états de vigueur animale; il est d'une part l'excédent d'une constitution florissante qui déborde dans le monde des images et des désirs; d'autre part, l'irritation des fonctions animales par les images et les désirs de la vie intensifiée; - il est une surélévation du sentiment de la vie,

un stimulant à la vie.

En quel sens le laid même peut-il avoir cette puissance ? En ce sens qu'il communique quelque chose de l'énergie victorieuse de l'artiste qui s'est