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Il y a des états physiologiques qui, chez l'artiste deviennent presque une seconde personne et qui, à un degré quelconque, se retrouvent déjà chez l'homme ordinaire.

1) L'ivresse: l'augmentation du sentiment de puissance; la nécessité intérieure de faire des choses un reflet de sa plénitude et de sa propre perfection.

2) L'extrême acuité de certains sens: ceux-ci se mettent alors à comprendre un tout autre langage des signes, - à créer ce langage... - c'est le même que celui qui apparaît allié à certaines maladies nerveuses -; l'extrême mobilité d'où naît une expansion extrême; le désir d'exprimer tout ce qui sait donner des signes.., un besoin de se débarrasser en quelque sorte de soi-même par des signes et des attitudes; la faculté de parler de soi par cent organes de la parole, - un état explosif. Il faut imaginer d'abord cet état comme un désir excessif qui nous pousse à nous débarrasser, par un travail musculaire et une mobilité de toutes sortes, de cette exubérance de tension intérieure: puis comme une coordination involontaire de ce mouvement avec les phénomènes intérieurs (les images, les pensées, les désirs), - comme une sorte d'automatisme de tout le système musculaire, sous l'impulsion d'une forte irritation agissant de l'intérieur -; il y a incapacité d'empêcher la réaction; l'appareil enrayeur est en quelque sorte désembrayé. Tout mouvement