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des aspirations intérieures, il faut en conclure qu'il y a diminution de force organisatrice, de " volonté " au point de vue psychologique...

L'état de plaisir que l'on appelle ivresse est exactement un sentiment de haute puissance... Les sensations de temps et de lieu sont transformées; on embrasse des espaces énormes que l'on vient à peine de percevoir; le regard s'étend sur des horizons plus vastes et des multitudes; les organes s'affinent pour la perception des choses les plus petites et les plus fugaces; c'est la divination, la force de l'entendement, mises en éveil par la moindre incitation, par la suggestion la plus faible: la sensualité " intelligente " -; la force se manifeste comme sentiment de souveraineté dans les muscles, souplesse de mouvement, et plaisir que procure cette souplesse, comme danse, légèreté, presto; la force devient la joie de démontrer cette force, un coup de bravoure et d'aventure, l'intrépidité, l'indifférence à l'égard de la vie et de la mort... Tous ces moments prépondérants dans la vie se provoquent mutuellement; le monde des images et des représentations de l'un suffit comme suggestion pour l'autre: - de la sorte des états d'âme finissent par s'entremêler qui auraient peut-être des raisons pour demeurer étrangers les uns aux autres. Par exemple: le sentiment d'ivresse religieuse et l'excitation sexuelle ( - deux sentiments profonds, peu à peu singulièrement coordonné