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santé sous des conditions plus favorables... que nous sommes relativement malades... L'artiste appartient à une race encore plus forte. Ce qui serait déjà dangereux pour nous, ce qui apparaîtrait comme un état maladif, cela tient chez lui de la nature. - On nous objecte cependant que c'est précisément l'appauvrissement qui rend possible pour la machine cette compréhension extraordinaire de toute espèce de suggestion: à preuve nos petites femmes hystériques.

La surabondance de sève et de force peut entraîner avec elles des symptômes de contrainte partielle, d'hallucination des sens, des raffinements de la suggestion, tout aussi bien qu'un appauvrissement d'instinct vital -, l'irritation se produit sous d'autres conditions, l'effet reste le même... Mais, avant tout, l'effet secondaire n'est pas semblable; l'affaiblissement extrême de toutes les natures morbides après leurs excentricités nerveuses n'a rien de commun avec les états de l'artiste qui n'a pas besoin de pâtir des bons moments qu'il a... Il est assez riche pour cela: il peut gaspiller sans devenir pauvre...

De même qu'il serait permis aujourd'hui de considérer le " génie " comme une forme de la névrose, on pourrait peut-être en faire autant de la puissance suggestive artistique, - et, en effet, nos artistes ne sont que trop parents des petites femmes hystériques !!! Mais c'est là un argument contre "