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ence supérieure ne s’étant pas encore dégagée de l’idée de vie religieuse. Dans la Réforme, l’individu veut aussi parvenir à la liberté ; " chacun son propre prêtre ", ce n’est là qu’une formule du libertinage. En réalité, un mot suffit — " liberté évangélique " — pour que tous les instincts qui avaient des raisons de demeurer secrets se déchaînassent comme des chiens sauvages, les appétits les plus brutaux eurent soudain le courage de se manifester, tout semblait justifier… On se gardait bien de comprendre à quelle liberté on songeait en somme, on fermait les yeux devant soi-même… Mais clore les yeux et humecter les lèvres de discours exaltés, cela n’empêchait pas d’étendre les mains et de saisir ce qu’il y avait à saisir, de faire du ventre le dieu du " libre évangile ", de pousser tous les instincts de vengeance et de haine à se satisfaire dans une fureur insatiable…

Cela dura un certain temps : puis vint l’" épuisement ", tout comme il était venu dans le midi de l’Europe ; et ce fut là encore, dans l’épuisement, une espèce vulgaire, un universel ruere in servitium… Alors vint le siècle indécent de l’Allemagne…

26.

Les trois siècles. — Leurs différentes sensibilités s’expriment le mieux de la façon suivante :