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ion, un sens : — pour toute espèce d’hommes plus saine la valeur de la vie ne se mesure pas à l’étalon de ces choses accessoires. Et l’on pourrait facilement imaginer un excès de douleur qui provoquerait malgré cela une volonté de vivre, une affirmation de la vie, en face de la nécessité de cet excès.

" La vie ne vaut pas la peine d’être vécue " ; " résignation " ; " à quoi servent les larmes  ? " — c’est là une argumentation débile et sentimentale. " Un monstre vaut mieux qu’un sentimental ennuyeux. "

Le pessimisme des natures énergiques : " à quoi bon " après une lutte terrible, même après la victoire. Qu’il existe quelque chose qui a cent fois plus d’importance que de savoir si nous nous trouvons bien ou mal : c’est l’instinct fondamental de toutes les natures vigoureuses — et par conséquent aussi de savoir si d’autres se trouvent bien ou mal. Cet instinct leur dit que nous avons un but, pour lequel on n’hésite pas à faire des sacrifices humains, à courir tous les dangers, à prendre sur soi ce qu’il y a de pire : c’est la grande passion. Car le " sujet " n’est qu’une fiction ; l’ego dont on parle lorsque l’on blâme l’égoïsme n’existe pas du tout.

17.

Le philosophe nihiliste est convaincu que tout ce qui arrive est dépourvu de sens et se fait en vain :