rité… La " vérité " est par conséquent plus néfaste que l’erreur et l’ignorance, car elle paralyse les forces qui pourraient servir au progrès et à la connaissance. La paresse prend maintenant le parti de la " vérité " - (" Penser est une peine et une misère ") ; de même l’ordre, la règle, le bonheur de la propriété, la fierté de la sagesse, — en somme la vanité. — Il est plus commode d’obéir que d’examiner ; il est plus flatteur de penser " je possède la vérité " que de voir l’obscurité autour de soi… avant tout : cela tranquillise, cela donne confiance, cela allège la vie, — cela rend le caractère "meilleur" en ce sens que la méfiance s’en amoindrit. La " paix de l’âme ", le " repos de la conscience " : tout cela sont des inventions qui ne sont possibles qu’à condition que la vérité soit là. - — " Vous les reconnaîtrez à leurs fruits "… La " vérité " est vérité, car elle rend les hommes meilleurs… Le système se continue : tout ce qui est bon, tous les succès sont mis au compte de la " vérité ". Ceci est la preuve de force : le bonheur, le contentement, le bien-être, tant de la communauté que de l’individu, sont compris maintenant comme des conséquences de la foi en la morale… Le résultat contraire, l’insuccès, découle d’un manque de foi.
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