isant ou paraissait l’être, — une doctrine qui rendait " meilleur ". Ils ressemblent par là à un naïf empirique, à un faiseur de miracles sorti du peuple, qui, parce qu’il s’est servi d’un poison comme remède, nie que ce soit un poison… " Vous les reconnaîtrez à leurs fruits " -c’est-à-dire nos " vérités " : c’est là aujourd’hui encore le raisonnement des prêtres. Ils ont gaspillé leur sagacité, d’une façon assez fatale, pour donner à la " preuve de force " (ou à la preuve par " les fruits ") la prééminence et même la prédétermination sur toutes les autres formes de la démonstration. " Ce qui rend bon doit être bon ; ce qui est bon ne peut pas mentir " - c’est ainsi qu’ils concluent inexorablement. — " Ce qui porte de bons fruits doit être vrai ; il n’y a pas d’autre critérium de la vérité. "… Mais, en tant que le fait de rendre meilleur est considéré comme argument, le fait de rendre plus mauvais doit être considéré comme réfutation. On démontre que l’erreur est erreur en examinant la vie de ceux qui la représentent : un faux pas, un vice réfutent… Cette façon indécente d’antagonisme, celle de derrière et d’en bas, la façon des chiens, n’est pas morte, elle non plus : les prêtres, en tant qu’ils sont psychologues, n’ont jamais rien trouvé de plus intéressant que de renifler les choses secrètes de leurs adversaires, — ils font preuve de christianisme en cherchant l’ordure dans le " monde ". Avant tout chez les hommes qui tiennent le premier
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