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e son utilité). Le retour à un simple fait, celui du bon sens, du bon homme, des " petites gens " de toute sorte. Emmagasinées depuis plusieurs générations, la loyauté et la sagesse n’ont jamais eu conscience de leurs principes, les principes leur inspiraient même une certaine terreur. Le désir d’une vertu qui raisonne n’est pas raisonnable… Un pareil désir compromet un philosophe.

243.

Lorsque, par l’usage, dans une longue chaîne de générations, il s’est accumulé assez de finesse, de bravoure, de prévoyance, de modération, la force instinctive de cette vertu incorporée rayonne aussi dans l’esprit, et ce phénomène devient visible que nous nommons la loyauté intellectuelle. Il se présente très rarement et fait défaut chez les philosophes. On peut peser au trébuchet l’esprit scientifique d’un penseur, ou, pour m’exprimer au point de vue moral, sa loyauté intellectuelle, sa finesse, sa bravoure, sa prévoyance, sa modération devenues instinct et transportées sur le domaine de l’esprit : il suffit de lui faire parler morale… et alors les philosophes les plus célèbres montrent que leur esprit scientifique est seulement une chose consciente, une tentative, une entreprise de " bonne volonté ", une fatigue, et qu’au moment où leur instinct se met à parler, au moment où ils moralisent, c’e