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façon plus courageuse d’en finir avec ce qui est nécessaire…

239.

Critique des philosophes. — Les philosophes et les moralistes se font illusion lorsqu’ils s’imaginent sortir de la décadence en luttant contre celle-ci. Cela est en dehors de leur volonté, et, bien qu’ils se refusent à le reconnaître, on s’aperçoit plus tard qu’ils étaient parmi les plus vigoureux promoteurs de la décadence. Envisageons les philosophes de la Grèce, par exemple Platon. Platon sépara les instincts de leur attachement à la polis, à la lutte, à la bravoure militaire, à l’art et à la beauté, aux mystères, à la croyance en la tradition et les ancêtres.. Il était le séducteur des nobles, lui-même séduit par le roturier Socrate… Il nia toutes les conditions premières qui avaient fait le " Grec noble " de vieille roche, il introduisit la dialectique dans la pratique quotidienne, il conspira avec les tyrans, fit de la politique de l’avenir et donna l’exemple le plus parfait des instincts séparés des choses anciennes… Il est profond, passionné dans tout ce qui est anti hellénique… Ils représentent, les uns après les autres, les formes typiques de la décadence, ces grands philosophes : l’idiosyncrasie morale et religieuse, l’anarch