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ecclésiastique, ascétique, transcendantale ; — l’influence dialectique, — j’imagine qu’il y a déjà chez Platon une horrible et pédantesque minutie dans les idées ! Décadence du bon goût intellectuel : on ne se rend déjà plus compte de ce qu’il y a de laid et de criard dans toute dialectique directe. Les deux mouvements de décadence vont côte à côte jusqu’à leurs extrêmes : a) la décadence opulente, aimable et malicieuse, aimant le luxe et l’art, et b) l’assombrissement sous forme de pathos religieux et moral, l’endurance stoïcienne, la négation des sens à la façon de Platon, la préparation du sol pour le christianisme.

233.

Jusqu’où va la corruption des psychologues par l’idiosyncrasie morale : — Personne parmi les anciens philosophes n’a eu le courage d’affirmer la théorie de la volonté qui n’est pas libre (c’est-à-dire d’affirmer une théorie qui nie la morale) ; — personne n’a eu le courage de définir comme un sentiment de puissance ce qu’il y a de typique dans la joie, dans cette espèce de joie (" bonheur ") : car la joie qui procure la puissance était considérée comme immorale ; personne n’a eu le courage de considérer la vertu comme une conséquence de l’immoralité d’une volonté de puissance, au service de l’espèce, ou de la race, ou de la polis) - (car la volonté de puissance était considérée comme une immoral