grand désir, les passions de la puissance, de l’amour, de la vengeance, de la possession - : les moralistes veulent les éteindre, les arracher, en " purifier " l’âme. La logique dit que ces désirs occasionnent souvent de grands ravages, — par conséquent ils sont mauvais, condamnables. L’homme doit s’en débarrasser : avant de l’avoir fait il ne sera pas un homme bon. C’est la même logique qui dit : " Si un membre te scandalise, arrache-le. " Dans le cas particulier dont ce " naïf campagnard ", le fondateur du christianisme, recommanda la pratique à ses disciples, dans le cas d’irritabilité sexuelle, il ne s’ensuit pas seulement que le membre vient à manquer mais encore que le caractère de l’homme se transforme, il est châtré… Il en est de même de la folie du moraliste, qui, au lieu de demander que les passions soient maîtrisées, en demande l’extirpation. Sa conclusion est toujours : ce n’est que l’homme châtré qui peut devenir l’homme bon. Les grandes sources de force, ces torrents de l’âme, souvent dangereux et jaillissant avec impétuosité, au lieu d’utiliser leur puissance pour l’asservir et l’économiser, l’esprit moral, cet esprit étroit et néfaste, veut les faire tarir.
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L’" homme bon ", ou l’hémiplégie de la ver