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ition que rien ne nous appartient, à moins que ce ne soit sous forme de volonté dans notre conscience. Toute la doctrine de la responsabilité est attachée à cette psychologie naïve, à savoir que la volonté seule est une cause et qu’il faut avoir conscience que l’on a manifesté sa volonté pour pouvoir se considérer soi-même comme une cause. — Un autre moyen pour tirer l’homme de l’abaissement que provoquerait la suppression des états élevés et intenses, comme s’il s’agissait d’états étrangers, c’est la théorie de la descendance. Ces états élevés et intenses peuvent du moins être interprétés comme des influences de nos ancêtres ; nous dépendons les uns des autres, étant solidaires, nous grandissons à nos propres yeux en agissant selon une norme connue. La tentative des familles nobles de mettre la religion en accord avec leur sentiment de dignité. — Les poètes et les voyants font de même ; ils se sentent fiers qu’on les tienne pour dignes de pareils rapports avec les ancêtres, qu’on les choisisse pour de pareils rapports, — ils attachent de l’importance à ne pas entrer en ligne de compte en tant qu’individus, à être seulement des porte-paroles (Homère). Le cabotinage comme conséquence de la morale du "libre arbitre". — On fait un pas en avant dans le développement du sentiment de puissance, lorsque l’on a suscité soi-même ses états supérieurs (