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nisme comme une méprisable équivoque dans les mots, comme une véritable lâcheté devant toutes les puissances qui règnent par ailleurs… Se prétendre chrétien avec le service militaire obligatoire, le suffrage universel, la civilisation des journaux, — et parler au milieu de tout cela, de " péché ", de " rédemption ", d’" au-delà ", de " mort en croix " - : comment peut-on vivre au milieu de toutes ces promiscuités !

165.

Christianisme. — Celui qui garde aujourd’hui l’équivoque dans ses rapports avec le christianisme, je ne lui tendrai pas le dernier doigt de mes deux mains. Il n’y a ici qu’une seule espèce de loyauté : un non absolu, un non dans la volonté et dans l’action… Qui donc saurait me montrer quelque chose de plus réfuté, quelque chose qui soit jugé sans appel, par tous les sentiments de valeurs supérieures, autant que le christianisme ? Avoir reconnu en lui la séduction en tant que séduction, le grand danger, le chemin du néant, qui a su se faire passer pour chemin de la divinité, avoir reconnu que ces " valeurs éternelles " étaient des valeurs de calomnie - quoi d’autre serait l’objet de notre fierté, quoi d’autre nous distinguerait devant vingt siècl