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supérieures, une vie plus dangereuse (au point de vue économique je dirais : élévation des frais d’entreprise avec une plus grande improbabilité de réussite). Ce que nous combattons dans le christianisme ? — Qu’il veuille briser les forts, décourager leur courage, exploiter leurs mauvaises heures et leurs fatigues, transformer leur altière certitude en inquiétude et en misère de conscience ; qu’il s’entende à rendre venimeux et malades les instincts nobles, jusqu’à ce que leurs forces, leur volonté de puissance se retournent contre eux-mêmes - jusqu’à ce que les forts périssent des excès de leur mépris de soi et du mauvais traitement qu’ils s’infligent à eux-mêmes : cette épouvantable façon de périr dont Pascal présente l’exemple le plus célèbre.

162.

On a toujours attaqué le christianisme d’une façon non seulement timide, mais encore fausse. Tant que l’on ne considère pas la morale du christianisme comme un attentat capital contre la vie, ses défenseurs ont jeu facile. La question de la simple " vérité " du christianisme - soit par rapport à l’existence de son Dieu ou à l’exactitude historique de sa légende primitive - pour ne point parler du tout de l’astronomie et de la science chrétiennes - est une affaire toute secondaire, tant que l’on n’a pas mis en question la valeur de la morale chrétienne. La morale chrétienne vaut-elle qu