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pire, pour en faire un instrument en vue d’un usage personnel : la dénier peu à peu à tous les hommes qui ne sont pas chrétiens.

108.

La prétendue jeunesse. — On fait erreur lorsque l’on rêve, dans le cas du christianisme, d’un peuple naïf et jeune qui se différencie d’une vieille culture ; la légende circule que c’est dans les couches du bas peuple où le christianisme se mit à croître et à prendre racine que la source profonde de la vie se mit à jaillir de nouveau. On n’entend rien à la psychologie de la chrétienté si l’on considère celle-ci comme l’expression de la jeunesse d’un peuple qui vient et de la régénération d’une race. Il s’agit tout au contraire d’une forme de décadence bien typique : l’amollissement moral et l’hystérie, au milieu d’une population mêlée et malade, s’abandonnant sans but à sa fatigue. Cette société bizarre qui s’est rassemblée là, autour de ce maître de la séduction populaire, ferait en somme bonne figure dans un roman russe, toutes les maladies nerveuses s’y donnent rendez-vous… l’absence de tâche, la pensée instinctive qu’en somme toute chose est près de sa fin, que rien ne vaut plus la peine qu’on s’y applique, le contentement dans le dolce farniente. La puissance et la certitude de son avenir qu’il y a dans l’instinct juif, ce que son âpre volon