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de juste, qu’ils connaissent les moyens pour ouvrir le chemin du salut. — Il faut qu’ils éloignent l’idée du cours naturel des choses : mais, comme ils sont des gens sages et avisés, ils peuvent promettre une série d’effets naturellement subordonnés à des prières ou à la stricte observation de leurs lois. — Ils peuvent de même prescrire une série de choses qui sont absolument raisonnables, — mais, bien qu’il leur soit permis d’indiquer l’expérience, l’empirisme, comme source de leur sagesse, il faut qu’ils donnent celle-ci pour le résultat d’une révélation, le fruit des " exercices de pénitence les plus durs ". Le saint mensonge se rapporte donc en principe : au but de l’action ( - la fin naturelle, la raison, est rendue invisible : une fin morale, l’accomplissement d’une loi, d’un service divin, apparaît comme but - ) : à la conséquence de l’action ( - la conséquence naturelle est considérée comme surnaturelle, et, pour agir avec plus de certitude, on fait espérer d’autres conséquences incontrôlables et surnaturelles). De cette façon se crée l’idée du bien et du mal, qui apparaît entièrement détachée des concepts naturels : " utile ", " nuisible ", " accélérateur ", "amoindrissant" pour la vie, — en ce sens que l’on imagine une autre vie, cette idée peut même être en opposition directe avec le concept naturel du bien et du mal.