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et à chercher… Mais en réalité il ne peut pas trouver cette cause, parce qu’il ne soupçonne même pas où il devrait chercher… Qu’arrive-t-il alors ? Il prend une des conséquences de son état pour la cause de celui-ci : si, par exemple, un ouvrage entrepris avec de la bonne humeur (entrepris en somme parce que la bonne humeur donnait le courage de l’entreprendre) réussit, c’est l’ouvrage qui est la cause de la bonne humeur… De fait la réussite dépendait de la même chose dont dépendait la bonne humeur, de la coordination heureuse des forces et des systèmes physiologiques. Il sent qu’il ne se porte pas bien : par conséquent il n’en finit pas de ses soucis, de ses scrupules et des critiques qu’il s’adresse… En vérité l’homme croit que le mauvais état où il se trouve est une suite de ses scrupules, de ses " péchés ", " de sa critique de soi "… Mais il finit par se rétablir, souvent après un état de prostration et d’épuisement profond. " Comment est-il possible que je sois si libre, si délivré ? C’est là un miracle. Dieu seul peut avoir fait cela pour moi. " - Conclusion : " Il m’a pardonné mes péchés "… On peut déduire de là une pratique : pour provoquer des sentiments de péché, pour préparer la contrition, il faut mettre le corps dans un état maladif et nerveux. La méthode pour en arriver là est connue. Comme de juste, on ne soupçonne pas la