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l’épileptique religieux, tous les excentriques ont été considérés comme les types supérieurs de la puissance : comme divins.

Cette façon de force qui provoquait la crainte passait avant tout pour divine : c’était là le point de départ de l’autorité ; on voulait voir là l’interprétation de la sagesse, on entendait la sagesse, on la cherchait… De cette impression naissait presque partout une volonté de " divinisation ", c’est-à-dire le désir d’une dégénérescence typique de l’esprit, du corps et des nerfs : une tentative pour trouver le chemin de ce mode d’existence supérieure. Se rendre malade, se rendre fou : provoquer les symptômes du dérangement — c’était se rendre plus fort, plus surhumain, plus terrible, plus sage. On croyait ainsi devenir si riche en puissance que l’on pouvait en abandonner. Partout où l’on adorait on cherchait quelqu’un qui pût céder quelque chose. Ce qui, ici, induisait en erreur c’était l’expérience de l’ivresse. Celle-ci augmente au plus haut degré le sentiment de la puissance, par conséquent, si l’on juge avec naïveté, la puissance elle-même. Sur le degré le plus élevé de la puissance devait se trouver le plus ivre, c’est-à-dire l’extatique. ( — Il y a deux points de départ de l’ivresse : la plus grande plénitude vitale et un état de nutrition morbide du cerveau.)