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drames, on arrive enfin à fixer dans la mémoire cinq ou six « je ne veux pas », rapport à quoi l’on a donné sa promesse, afin de jouir des avantages de la société, — et, vraiment, à l’aide de ce genre de mémoire on arrive enfin « à la raison » ! — Hélas ! la raison, la gravité, l’empire sur les passions, toute cette machination ténébreuse que l’on appelle la réflexion, tous ces privilèges pompeux de l’homme : combien chèrement ils se sont fait payer ! Combien de sang et d’horreur se trouve au fond de toutes les « bonnes choses » !…

4.

Mais comment donc cette « chose ténébreuse », la conscience de la faute, comment tout cet appareil qu’on appelle la « mauvaise conscience » est-il venu au monde ? — Par là nous revenons à nos généalogistes de la morale. Je le répète — ou ne l’ai-je peut-être pas encore dit ? — ils ne font pas de bonne besogne. Une expérience personnelle, à peine longue de cinq aunes et « moderne » rien que moderne ; aucune connaissance du passé, aucun désir de le connaître ; encore moins l’instinct historique, ce qui constituerait une « seconde vue » indispensable ici — et pourtant ils veulent s’attaquer à