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comme elle l’était, par une Rome nouvelle, cette Rome judaïsée, édifiée sur des ruines, qui présentait l’aspect d’une synagogue œcuménique et que l’on appelait « Église » : mais aussitôt la Judée se mit à triompher de nouveau, grâce à ce mouvement de ressentiment (allemand et anglais) foncièrement plébéien que l’on appelle la Réforme, sans oublier ce qui devrait en sortir, la restauration de l’Église, — et aussi le rétablissement du silence de tombeau sur la Rome classique. Dans un sens plus décisif, plus radical encore, la Judée remporta une nouvelle victoire sur l’idéal classique, avec la Révolution française : c’est alors que la dernière noblesse politique qui subsistait encore en Europe, celle des dix-septième et dix-huitième siècles français, s’effondra sous le coup des instincts populaires du ressentiment, — ce fut une allégresse immense, un enthousiasme tapageur comme jamais on n’en avait vu sur la terre ! Il est vrai qu’il se produisit tout à coup, au milieu de ce vacarme, la chose la plus prodigieuse et la plus inattendue : l’idéal antique se dressa en personne et avec une splendeur insolite, devant les yeux et la conscience de l’humanité, — et encore une fois, mais d’une façon plus forte, plus simple, plus pénétrante que jamais, retentit,