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sus de la porte du paradis chrétien et de sa « béatitude éternelle », on pourrait écrire, en tous les cas à meilleur droit : « Moi aussi, la haine éternelle m’a créé » — en admettant qu’une vérité puisse briller au-dessus de la porte qui mène à un mensonge ! Car qu’est-ce donc que la béatitude de ce paradis ?… Peut-être pourrions-nous déjà le deviner ; mais il vaut mieux donner la parole à une indiscutable autorité en telle matière, au grand maître saint Thomas d’Aquin. « Beati in regno cœlesti, dit-il avec la douceur d’un agneau, videbunt pœnas damnatorum, ut beatitudo illis magis complaceat. » Ou bien veut-on entendre quelque chose d’un ton plus violent, la parole d’un père de l’Église triomphant qui déconseillait à ses fidèles les voluptés cruelles des spectacles publics ? — et pourquoi ? « La foi, dit-il, De spectac. c. 29 ss. —, la foi nous offre bien davantage, quelque chose de beaucoup plus fort ; grâce au salut par le Christ nous avons à notre portée des joies bien supérieures ; en place des athlètes nous avons nos martyrs ; nous faut-il du sang, eh bien ! et celui du Christ ?… Mais qu’est tout cela à côté de ce qui nous attend le jour de son retour, le jour de son triomphe ? » — Et voilà ce visionnaire extatique qui continue : « At enim supersunt alia