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bien mieux, je consens, à supposer qu’on m’oblige à faire un choix, à prêter l’oreille même à un esprit peu doué pour l’histoire, antihistorique (comme ce Dühring dont la parole enivre aujourd’hui en Allemagne une fraction du prolétariat intellectuel, une variété timide encore et un peu honteuse de « belles âmes », la species anarchistica). Les « contemplatifs » sont cent fois pires — je ne sais rien qui me cause plus de dégoût qu’un de ces fauteuils « objectifs », un de ces mignons parfumésde l’histoire, mi-prêtre, mi-satyre, dans le goût de Renan, et qui trahit déjà par le fausset aigu de ses homélies ce qui lui manque, par il est incomplet, où les cruels ciseaux des Parques ont exercé leur office, hélas ! trop chirurgical ! Voilà qui révolte mon goût et aussi ma patience : que celui qui n’a rien à perdre conserve sa patience en face d’un tel spectacle, — moi, je suis exaspéré, l’aspect de ces « voyeurs » m’irrite contre toute cette « comédie » plus que la comédie elle-même (je veux dire l’histoire, on m’entend bien), je sens alors des fantaisies anacréontiques me monter au cerveau. Dame nature qui au taureau donna les cornes et au lion le χάσμ᾽ ὀδόντων, pour quoi faire me donna-t-elle le pied ?… Pour ruer, par saint Anacréon ! et non pas seule-