même : qui pourrait désormais en vouloir aux agnostiques si, pleins de vénération pour l’Inconnu, le Mystère en soi, ils adorent comme Dieu le point d’interrogation lui-même ? (Xavier Doudan parle quelque part des ravages causés par « l’habitude d’admirer l’intelligible, au lieu de rester tout simplement dans l’inconnu » ; et il pense que les anciens n’avaient pas connu cet abus). À supposer que tout ce que l’homme « connaît », loin de satisfaire ses désirs, les contrarie au contraire et leur fasse horreur, n’est-ce pas une échappatoire vraiment divine que d’en pouvoir rejeter la faute non sur les « désirs », mais sur la « connaissance » elle-même !… « Il n’y a pas de connaissance, donc — il y a un Dieu » ; quelle nouvelle elegantia syllogismi ! quel triomphe de l’idéal ascétique ! —
26.
— L’histoire moderne, considérée dans son ensemble, affirmerait-elle par hasard une attitude plus confiante en face de la vie et de l’idéal ? Sa suprême prétention, c’est aujourd’hui d’être un miroir ; elle rejette toute téléologie ; elle ne veut plus rien « prouver » ; elle dédaigne de s’ériger en juge, et croit