Page:Nietzsche - La Généalogie de la morale.djvu/247

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

blement remporté la victoire, son règne était venu : déjà l’on ne se plaignait plus de la douleur, on avait soif de douleur. « Souffrir ! toujours souffrir ! encore de la souffrance ! » tel fut le cri de ses disciples et des initiés pendant des siècles. Toute débauche douloureuse du sentiment, tout ce qui brise, renverse, écrase, arrache et ravit en extase, le secret de la torture, les inventions de l’enfer même — tout cela était découvert maintenant, deviné, Utilisé, tout était au service du sorcier pour servir au triomphe de son idéal, de l’idéal ascétique… « Mon royaume n’est pas de ce monde », — répétait-il, avant comme après : avait-il vraiment encore le droit de parler ainsi ?… Goethe a prétendu qu’il n’y avait que trente-six situations dramatiques : à cela seul on devinerait, si on ne le savait déjà, que Gœthe n’était pas un prêtre ascétique. Celui-ci — en connaît davantage…

21.

Au sujet de toute cette médication sacerdotale, la « coupable », le moindre mot de critique serait superflu. Qu’un pareil débordement du sentiment (paré bien entendu des noms les plus saints et tout