Page:Nietzsche - La Généalogie de la morale.djvu/231

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dans les trois religions principales, du reste si foncièrement entachées d’erreur morale. « Pour l’homme qui possède la connaissance le devoir n’existe pas… » « Ce n’est pas en acquérant des vertus que l’on arrive à obtenir le salut : car le salut consiste à être un avec le brahme qui n’est pas perfectible ; et tout aussi peu en se débarrassant de vices : car le brahme, avec qui le salut consiste à être un, est éternellement pur », — passages du commentaire du Çankara, cités par la première autorité véritable pour la philosophie indoue en Europe, mon ami Paul Deussen). Rendons donc honneur au « salut » tel que nous le présentent les grandes religions ; par contre, il nous sera un peu difficile de nous en tenir sérieusement à l’appréciation du profond sommeil que nous ont laissé ces hommes fatigués, trop fatigués même pour le rêve, — je veux dire le profond sommeil considéré comme la fusion avec le brahme, comme la réalisation de l’union mystique avec Dieu. « Alors qu’il est complètement endormi — ainsi s’exprime l’« écrit » le plus ancien et le plus vénérable — complètement arrivé au repos, de sorte que même les chimères du rêve sont dispersées, alors, ô très Cher, il est uni avec l’être, il est retourné à sa source primitive, —