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NOTES


4.

« Un prodigieux espoir parle dans ce livre. Je n’ai en somme aucune raison pour revenir aujourd’hui sur mon espoir en un avenir dionysiaque pour la musique. Reportons-nous d’un siècle en retard et admettons que mon attentat contre deux mille années de mœurs contre nature et d’avilissement de l’homme réussissent ! Ce nouveau parti de la vie qui s’emparerait de la tâche, la plus sublime entre toutes, le surélevage de l’humanité, y compris la destruction impitoyable de tout ce qui est dégénéré et parasitaire, rendrait de nouveau possible sur la terre cet excédent de vin dont sortirait aussi l’état dionysien. Je promets un âge tragique : l’art le plus élevé dans l’affirmation de la vie, la tragédie renaîtra quand l’humanité aura derrière elle la conscience des guerres les plus cruelles, mais les plus nécessaires, sans en souffrir. — Un psychologue pourrait ajouter encore que ce que, durant mes années de jeunesse, j’ai cru entendre dans la musique wagnérienne n’a, en somme, rien à voir avec Wagner ; que lorsque je décrivais la musique dionysiaque je décrivais ce que j’avais entendu — qu’instinctivement je devais traduire et transfigurer toute chose pour lui donner l’esprit nouveau que je portais en moi… »

Henri Albert.