une voie diamétralement opposée à leur but véritable. S’il est quelqu’un, parmi ces gens, qui ne soit pas épuisé complètement par la tâche assidue d’une méticuleuse correction de vieux textes ou d’une micrographie linguistique, peut-être, à côté d’autres antiquités, cherchera-t-il aussi à étudier l’antiquité grecque à un point de vue « historique », mais toujours selon la méthode et les façons pédantes de l’érudition historique contemporaine. Si, en conséquence, l’influence intellectuelle et éducatrice avérée des écoles supérieures n’a jamais été plus faible, plus nulle qu’en ce moment, si le « journaliste », cet esclave du papier quotidien, a pu remporter la victoire sur les maîtres les plus éminents pour tout ce qui regarde la culture de l’esprit, et s’il ne reste plus à ceux-ci d’autre ressource qu’un travestissement déjà souvent constaté, que de s’emparer désormais du ton et des manières du journaliste, et, s’assimilant « l’élégance facile » du métier, de se métamorphoser en un joyeux papillon intellectuel, — avec quelle anxiété et quelle stupeur les esprits modernes façonnés à ce régime ne doivent-ils pas contempler ce phénomène qui ne saurait être à peu près entendu, par analogie, qu’en partant du plus profond du génie hellénique encore incompris : le réveil de l’esprit dionysiaque et la renaissance de la tragédie ? À aucune époque artistique la soi-disant culture intellectuelle et l’art véritable n’ont été aussi étrangers l’un à
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L’ORIGINE DE LA TRAGÉDIE