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OPINIONS ET SENTENCES MÊLÉES

chose parfaite. Mais c’est à vous de veiller à ce que vous faites, comme c’est vous qui devez écouter, — et c’est la vie qui a raison, comme dit Schiller. Ayez donc raison et laissez-moi redescendre dans la tombe. »

127.

Contre ceux qui blâment la brièveté. — Quelque chose qui est dit brièvement peut être le fruit et le résultat de quelque chose de longuement médité ; mais le lecteur qui est novice sur ce terrain, et qui n’y a pas autrement réfléchi, voit quelque chose d’embryonnaire dans tout ce qui est dit brièvement, non sans un blâme à l’adresse de l’auteur qui a osé lui présenter un mets qui n’était pas cuit à point.

128.

Contre les myopes. — Croyez-vous donc que c’est de l’ouvrage décousu parce qu’on vous le présente en morceaux (et qu’il faut vous le présenter ainsi) ?

129.

Lecteurs de sentences. — Les plus mauvais lecteurs de sentences ce sont les amis de l’auteur, pour peu qu’ils s’appliquent à conclure du général au particulier, à quoi les sentences doivent leur origine : car, en faisant ainsi lesflaireurs de cuisine, ils mettent à néant toute la peine que s’est donnée l’auteur et n’ygagnent, comme ils le méritent d’ailleurs, au lieu d’un aperçu ou d’un enseignement philoso-