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HUMAIN, TROP HUMAIN

ment (je veux parler de l’Origine de la Tragédie, un subtil observateur ne saurait l’ignorer). Cette explosion irritée contre le faux patriotisme allemand, la complaisance et l’avachissement de la langue chez David Strauss vieilli, un sentiment qui provoqua la première Inactuelle et me soulagea de pensées venues longtemps auparavant, lorsque, jeune étudiant, je vivais au milieu de la culture allemande, de la culture des philistins (je revendique la paternité de cette expression « philistin de la culture », dont on use et abuse aujourd’hui —) ; et ce que j’ai dit contre la « maladie historique », je l’ai exprimé comme quelqu’un qui avait appris à en guérir lentement et avec peine, et qui n’avait nullement l’intention de renoncer dorénavant à « l’historisme » parce que jadis il en avait souffert. Lorsque, par la suite, je voulus, dans la troisième Considération inactuelle, exprimer la vénération que je portais à mon premier et seul éducateur, le grand Arthur Schopenhauer — je le ferais aujourd’hui encore, bien plus fortement et d’une façon plus personnelle — je me trouvais déjà, pour ma part, au milieu du scepticisme et de la décomposition morale, c’est-à-dire autant occupé à la critique qu’à l’approfondissement de tout pessimisme — je ne croyais plus « à rien du tout », comme dit le peuple, pas non plus à Schopenhauer : c’est à cette époque que naquit un mémoire, tenu secret jusqu’ici, sur la vérité et le mensonge au sens extra-moral. Mon discours solennel, mon apologie victorieuse en l’honneur de Wagner, à l’occasion de son triomphe de Bayreuth en 1876 — Bayreuth signifie la plus grande victoire