se raréfiait, que, par contre, les habitants des côtes
et des plaines, dans les zones tempérées, en faisaient
un usage plus abondant. Les Grecs, pour une double
raison, parce que, leur intellect étant plus froid
et plus clair, le fond de leur nature passionnée par
contre beaucoup plus tropical que le nôtre, n’auraient-ils
pas eu besoin de sel et d’épices dans la
même mesure que nous ?
L’écrivain le plus libre. — Comment, dans un livre pour les esprits libres, ne nommerais-je pas Laurent Sterne, lui que Gœthe a vénéré comme l’esprit le plus libre de son siècle ! Qu’il s’arrange ici de l’honneur d’être appelé l’écrivain le plus libre de tous les temps. Comparés à lui, tous les autres apparaissent guindés, sans finesse, intolérants et d’allure vraiment paysanne. Il ne faudrait pas louer chez lui la forme claire, limitée, mais la « mélodie infinie », si, par là, on pouvait donner un nom à un style dans l’art, où la forme déterminée est sans cesse brisée, déplacée, replacée dans l’indéterminé, en sorte qu’elle signifie en même temps telle chose et telle autre chose. Sterne est le grand maître de l’équivoque, — le mot pris, bien entendu, dans un sens beaucoup plus large que l’on a coutume de faire, lorsque l’on songe à des rapports sexuels. Le lecteur eslperdu, lorsqu’il veut connaître exactement l’opinion de Sterne sur un sujet, et savoir si l’auteur prend un air souriant ou attristé : car il s’entend à donner les deux expressions à un même pli de son visage ; il s’entend de même, c’est là son but,