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HUMAIN, TROP HUMAIN, DEUXIÈME PARTIE

et l’ardeur de la passion : la méprise incorrigible, la destruction de toute la lyre humaine, les moqueries et les grincements de dents, et tout ce qu’il y a de tragique et de comique, au sens ancien et habituel, dans le voisinage de cet art nouveau, serait considéré comme un fâcheux grossissement archaïque de l’image humaine. La force, la bonté, la douceur, la pureté, une mesure involontaire et innée dans les personnes et leurs actes : un sol aplani qui procure ay pied le repos et la joie : un ciel lumineux qui se reflète sur les visages et les événements : le savoir et l’art fondus en une unité nouvelle : l’esprit cohabitant, sans présomption et sans jalousie, avec sa sœur, l’âme, et faisant nattre dans l’opposition, la grâce de la sévérité et non pas l’impatience du désaccord : — tout cela serait l’enveloppe, le fond d’or général, sur quoi maintenant les subtiles distinctions des idéals incarnés peindraient le tableau véritable — celui de la toujours grandissante dignité humaine. — Certains chemins partent de Gœthe pour mener à cette poésie de l’avenir : mais il faut de bons indicateurs et, avant tout, une puissance beaucoup plus grande que celle que possèdent les poètes d’aujourd’hui, c’est-à-dire les représentants inconscients de la demi-bête, du défaut de maturité et de mesure qui se confond avec la force et la nature.

100.

La muse en Penthésilée. — « Plutôt cesser d’être, que d’être une femme qui ne charme pas. » Quand la muse commencera à penser ainsi, la fin de